Allergie ou intolérance alimentaire : comment faire la différence?
Au Canada, on estime que 6 % des jeunes enfants et 3 à 4 % des adultes souffrent d’allergies alimentaires. De nombreuses autres personnes présentent plutôt des intolérances alimentaires. Il peut parfois être ardu de différencier une allergie d’une intolérance alimentaire. Faisons le point sur la question.
Qu’est-ce qu’une allergie alimentaire?
L’allergie alimentaire est une réponse anormale du système immunitaire à un aliment. Pour différentes raisons, le système immunitaire considère à tort que cet aliment est un corps étranger et déclenche une réaction de défense en libérant massivement des médiateurs chimiques pour le détruire, notamment l’histamine. Cette histamine est la principale responsable de l’apparition des symptômes typiques d’allergie, par exemple :
- Peau : rougeurs, picotement, plaques rouges (urticaire), enflure des lèvres ou des paupières
- Voies respiratoires : congestion nasale, éternuements, changement de la voix, toux, difficulté à respirer, respiration sifflante
- Système digestif : picotement ou enflure de la bouche, difficulté à avaler, nausée, vomissements à répétition, douleur abdominale, diarrhée
- Système cardiovasculaire : faiblesse, chute de la pression artérielle
En général, les symptômes d’allergie surviennent rapidement après l’ingestion de l’aliment, en quelques minutes ou quelques heures. Ils peuvent impliquer divers systèmes et leur gravité peut varier d’une personne à l’autre et parfois d’une réaction à l’autre chez une même personne.
Lorsque les symptômes sont sévères et impliquent plus de deux systèmes, on parle d’anaphylaxie. Il s’agit d’une urgence médicale qui nécessite l’injection d’épinéphrine et une surveillance médicale. Non traitée, une réaction anaphylactique peut mener au décès. Même si les symptômes sont légers, il faut surveiller l’état de la personne, car la situation pourrait s’aggraver rapidement.
Bien que n’importe quel aliment puisse déclencher une réaction allergique, on compte neuf (9) groupes d’aliments qui sont responsables de 90 % des réactions allergiques :
- les œufs,
- le lait de vache,
- les arachides,
- les poissons et les fruits de mer (p. ex. crevettes, crabe, homard, moules),
- le soya,
- les noix (p. ex. noix de Grenoble, amandes, noix de cajou, noisettes),
- la moutarde,
- le sésame,
- le blé.
La meilleure façon d’éviter une réaction allergique est d’éviter de consommer l’aliment auquel on est allergique. Il faut apprendre à lire les étiquettes des produits alimentaires pour éviter les allergènes connus. Dans certains cas, il faut aussi éviter des substances apparentées chimiquement et qui comportent un risque de réaction croisée.
Les personnes qui souffrent d’une allergie alimentaire devraient toujours avoir à portée de main un auto-injecteur d’épinéphrine.
Qu’est-ce qu’une intolérance alimentaire?
Selon les études, 7 à 8 % des Canadiens rapportent souffrir d’allergie alimentaire, mais les cas confirmés par un médecin sont moins nombreux (3 à 4 %). Beaucoup de personnes croient donc à tort souffrir d’allergies, alors qu’en réalité, elles auraient plutôt une intolérance à certains aliments.
Une intolérance alimentaire se manifeste par une réaction désagréable à un aliment. Cette réaction n’implique toutefois pas le système immunitaire, contrairement à l’allergie. La plupart du temps, l’intolérance est causée par des problèmes lors de la digestion d’un aliment, ou l’une de ses composantes.
Les personnes qui ont des allergies alimentaires peuvent réagir fortement alors que seulement des traces d’allergène sont présentes dans un aliment. En comparaison, les personnes qui ont des intolérances alimentaires peuvent parfois consommer de petites quantités de l’aliment sans ressentir d’inconfort. Bien qu’ils soient désagréables, les symptômes d’intolérance alimentaire ne mettent pas la vie en danger et comme ils sont peu spécifiques, il n’est pas toujours facile d’identifier le coupable.
L’intolérance alimentaire est parfois causée par l’absence d’une enzyme digestive qui permet de digérer complètement un aliment. La plus courante est l’intolérance au lactose.
Les personnes intolérantes au lactose ne produisent pas suffisamment (ou pas du tout) de lactase, l’enzyme qui permet de digérer le lactose, le sucre naturel du lait. Par conséquent, le lactose demeure dans l’intestin et provoque des symptômes gastro-intestinaux plus ou moins importants selon le niveau de production naturelle de lactase.
Ainsi, ces gens auront à différents degrés des ballonnements, des diarrhées, des nausées et des vomissements lorsqu’ils consomment du lait ou des aliments qui en contiennent. La prise de comprimés de lactase dès les premières bouchées d’un aliment contenant du lait arrive généralement à limiter au minimum les symptômes digestifs. Des produits laitiers comme le yogourt et le fromage contiennent moins de lactose que le lait. Ils sont généralement plus faciles à digérer pour les personnes intolérantes au lactose. Il existe aussi sur le marché des produits laitiers sans lactose.
La sensibilité à un additif alimentaire est une autre cause possible d’intolérance alimentaire. Certains additifs, comme les colorants artificiels, les sulfites ou le glutamate monosodique (MSG), peuvent provoquer des symptômes plus ou moins spécifiques et sévères, tels que des maux de tête, des nausées, des douleurs thoraciques, des troubles respiratoires, des plaques rouges sur la peau, des malaises généralisés et de la fatigue.
Le syndrome du côlon irritable (SCI) est considéré comme une autre forme d’intolérance alimentaire. Il serait causé par un dérèglement du système nerveux qui entraînerait une hypersensibilité du système digestif à certains aliments. Les gens qui en sont atteints ont des douleurs abdominales, de la constipation ou de la diarrhée quand ils consomment certains aliments. La prise de probiotiques peut diminuer les symptômes. L’adoption d’une diète faible en aliments qui contiennent certains sucres qui fermentent dans l’intestin (FODMAP) peut permettre d’améliorer les symptômes chez une bonne proportion des gens qui souffrent de SCI. Il est recommandé de consulter une nutritionniste avant d’adopter une telle diète afin d’éviter de développer des carences nutritionnelles.
Intolérance au gluten et maladie coeliaque
Une personne intolérante au gluten ressent différents symptômes après avoir consommé des aliments qui contiennent du gluten, par exemple des ballonnements, des gaz et de la fatigue.
La maladie cœliaque n’est pas une allergie alimentaire. Il s’agit plutôt d’une maladie auto-immune qui est déclenchée par la présence de gluten dans l’alimentation. La consommation de gluten entraîne de l’inflammation et des dommages au petit intestin, ce qui peut entraîner des conséquences néfastes sur sa capacité à absorber les nutriments contenus dans l’alimentation qui sont essentiels pour la santé. Les personnes qui souffrent de maladie coeliaque doivent éviter de consommer tout aliment qui contient du gluten, car même une toute petite quantité peut entraîner de l’inflammation et des symptômes.
Les symptômes de la maladie coeliaque varient d’une personne à l’autre, mais incluent généralement des vomissements, des douleurs abdominales, de la diarrhée et une perte de poids involontaire. Contrairement aux allergies alimentaires (comme celle au blé), ces symptômes ne peuvent toutefois pas évoluer vers une réaction anaphylactique.
Que faire si vous soupçonnez une allergie ou une intolérance alimentaire?
Les allergies alimentaires graves apparaissent habituellement dès l’enfance. Elles apparaissent plus rarement à l’âge adulte. Les intolérances alimentaires peuvent se développer avec le temps et apparaître plus tard dans la vie. Si vous avez fréquemment des symptômes digestifs importants qui nuisent à votre qualité de vie, il est temps de consulter pour déterminer si vous souffrez d’une intolérance ou d’une allergie alimentaire.
Tenez un journal alimentaire. Notez tout ce que vous mangez et tous les symptômes inhabituels que vous ressentez. Il est parfois possible d’établir un lien de temporalité entre la prise d’un aliment et l’apparition des symptômes.
N’hésitez pas à prendre rendez-vous avec une nutritionniste pour vous accompagner dans la modification de votre alimentation afin de ne pas développer de carences nutritionnelles. Ces professionnels peuvent aussi vous enseigner à lire et à comprendre les étiquettes nutritionnelles sur les emballages à l’épicerie pour identifier les substances que vous devez éviter.
Discutez de vos préoccupations avec votre professionnel de la santé. Il est possible dans certains cas de prescrire des tests, ou de voir un allergologue, si nécessaire. Cette démarche est essentielle pour établir un diagnostic d’allergie.
Plusieurs organismes ont développé au fil du temps des services pour accompagner les gens aux prises avec des réactions alimentaires. Pensons notamment à Allergies Québec ou à Allergies alimentaires Canada. N’hésitez pas à communiquer avec eux pour apprendre à gérer votre nouvelle réalité familiale et manger sans crainte.
Si vous avez des questions sur le traitement des allergies alimentaires ou sur les médicaments pour soulager les symptômes d’intolérance alimentaire, n’hésitez pas à consulter votre pharmacien. Il saura répondre à vos questions ou vous diriger vers un autre professionnel de la santé lorsque nécessaire.
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